Résection transurétrale de la prostate (TURP)

L'intervention proposée vise à traiter chirurgicalement l'adénome de la prostate par voie endoscopique sans utilisation de laser.

RAPPEL ANATOMIQUE

La vessie est le réservoir dans lequel l'urine provenant des reins est stockée avant d'être libérée lors de la miction (uriner).

La prostate est une glande située sous la vessie. Pour sortir de la vessie, l’urine doit passer par la prostate, par l’urètre.

L'urètre est le canal par lequel l'urine est expulsée de la vessie.

HYPERTROPHIE BÉNIGNE DE LA PROSTATE (HBP)

L'augmentation du volume de la prostate, liée à un adénome prostatique ou à une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), provoque une obstruction du passage des urines. Cette obstruction peut être responsable de difficultés à uriner, ou d'envies fréquentes d'uriner ou de complications (calculs vésicaux (lithiase), sang dans les urines (hématurie), impossibilité d'uriner (rétention urinaire), et d'infections de l'appareil urogénital, insuffisance rénale, etc.).

L'intervention chirurgicale est indiquée lorsque le traitement médicamenteux n'est plus suffisant ou en cas de complications.

Y A-T-IL D'AUTRES OPTIONS ?

Le traitement médicamenteux est généralement proposé en première intention, il peut avoir certains effets secondaires et une efficacité limitée.

Une intervention chirurgicale est proposée lorsque le traitement médical n'est plus suffisamment efficace ou lorsqu'une complication apparaît. Elle consiste à retirer l'adénome pour désobstruer l'urètre (faciliter le passage des urines).

Les alternatives chirurgicales sont soit endoscopiques, c'est-à-dire résection transurétrale de la prostate avec ou sans laser, soit par voie chirurgicale ouverte ou laparoscopique.

Les autres alternatives, notamment en cas de rétention urinaire avec impossibilité d'uriner, seraient soit de laisser définitivement une sonde vésicale qui sera changée régulièrement par une infirmière, soit de réaliser des sondes plusieurs fois par jour, à faire soi-même. ou par une infirmière. Ces options peuvent être envisagées si une intervention chirurgicale temporaire ou définitive n’est pas possible.

Votre chirurgien vous a expliqué pourquoi, dans votre cas, il privilégie un traitement par résection endoscopique plutôt qu'un autre type d'intervention.

PRINCIPE D'INTERVENTION

L’intervention qui vous est proposée s’appelle la résection de la prostate. Elle peut être réalisée selon différentes techniques (résection, énucléation, vaporisation).

Ce traitement est réalisé par voie naturelle trans-urétrale. Elle consiste à élargir le canal urétral en supprimant l'adénome de la prostate qui l'entoure. L’intervention nécessite une hospitalisation (qui peut être réalisée en ambulatoire dans certains cas).

PRÉPARATION SPÉCIFIQUE À L'INTERVENTION

Toute intervention chirurgicale nécessite une préparation qui peut varier en fonction de chaque individu. Il est essentiel que vous suiviez les recommandations qui vous seront données par votre urologue et votre anesthésiste. Si ces recommandations ne sont pas suivies, l'intervention pourrait être reportée.

Une échographie de la vessie et de la prostate peut être réalisée pour mesurer le volume de la prostate et évaluer la capacité à vider votre vessie.
Vous devez informer votre urologue et lors de la consultation d'anesthésie si vous prenez un traitement pour fluidifier le sang (antiagrégant plaquettaire, anticoagulant).
Il pourra être modifié avant l'intervention.

Une analyse d'urine est prescrite avant l'intervention pour vérifier la stérilité et traiter une éventuelle infection. Une infection urinaire non traitée entraîne un retard dans la date de votre opération.
Un antibiotique (antibioprophylaxie) vous sera administré systématiquement lors de l'intervention suivant le protocole établi dans l'établissement. Merci de signaler toute éventuelle allergie aux antibiotiques.

TECHNIQUE OPÉRATOIRE

Cette intervention est réalisée sous anesthésie générale ou loco-régionale.

Le chirurgien insère un appareil appelé endoscope dans le canal urétral qui lui permet de voir dans le canal et de localiser la prostate. Un résecteur permet de découper la prostate en copeaux ou de vaporiser la prostate selon la technique choisie. Sauf vaporisation, les morceaux de prostate retirés sont envoyés au laboratoire pour analyse.

Pendant la procédure, un liquide isolant électrique est utilisé.
Un cathéter vésical avec lavage est posé en fin d’intervention.

SUIVI HABITUEL ET INFORMATIONS GÉNÉRALES

Le cathéter vésical peut être entretenu un à plusieurs jours suivant les recommandations de votre urologue. Cela peut aider à rincer la vessie pour empêcher la formation de caillots sanguins. Lorsque l’urine sortant du cathéter devient suffisamment claire, le lavage peut être arrêté.
Le cathéter vésical provoque une irritation du canal urétral qui peut se manifester par des brûlures ou des spasmes (envie douloureuse d'uriner malgré le cathéter). Un traitement médicamenteux adapté est prescrit si nécessaire.
Il est recommandé de boire beaucoup de liquides pour limiter les saignements urinaires (hématurie). En règle générale, des saignements dans les urines peuvent être présents pendant plusieurs jours à quelques semaines après l'intervention.

Il est également conseillé d’éviter toute activité physique importante dans le mois suivant l’intervention.
Les rapports sexuels ne sont pas recommandés immédiatement après l’intervention. Dans la majorité des cas, il n’y a pas de dégradation de la qualité de l’érection mais la disparition des éjaculations est quasi systématique. Celui-ci se caractérise par l’absence d’émission de sperme au moment de l’orgasme. Cela ne modifie en principe pas la sensation de plaisir, ni la vôtre ni celle de votre partenaire. Il est cependant essentiel d’expliquer la situation à votre partenaire avant de reprendre une activité sexuelle pour éviter toute réaction négative. La qualité des érections et la libido ne sont généralement pas modifiées par l’intervention.

Dans certains cas, un traitement anticoagulant peut être prescrit ou réintroduit en postopératoire pour prévenir le risque de phlébite. Les soins infirmiers à domicile comprennent l'injection quotidienne d'un anticoagulant, si prescrit.
Pour éviter les douleurs, un traitement antalgique peut être prescrit pendant quelques jours.
L’amélioration des symptômes urinaires peut être progressive au cours des premiers mois. Pendant ce temps, vous pouvez ressentir une envie urgente ou une sensation de brûlure en urinant.

Paradoxalement, temporairement, vous pourriez être plus gêné.
Des prescriptions pourront vous être remises pour des examens complémentaires à réaliser avant la consultation de suivi. Une lettre est adressée à votre médecin traitant pour le tenir informé de votre état de santé.

NOURRITURE

Après votre intervention, buvez davantage pendant quelques jours. Cela aide à éliminer les débris ou le sang qui peuvent s’accumuler après l’intervention et réduit le risque d’infection des voies urinaires. Il faut boire environ 2 litres d'eau par jour (environ 10 verres) et parfois plus si l'urine ne s'éclaircit pas. En revanche, il n’est pas nécessaire de boire davantage si votre urine est devenue jaune clair.
Il n’y a pas de restrictions alimentaires particulières suite à cette procédure.

SYMPTÔMES URINAIRES

La zone opérée met souvent plusieurs semaines à cicatriser. Pendant cette période, vous pouvez ressentir une irritation ou une brûlure du canal urinaire lorsque vous urinez. Vous pouvez également ressentir des envies urgentes ou plus fréquentes d’uriner, y compris la nuit. Le plus souvent, ces symptômes sont mineurs à modérés, ils s’atténuent progressivement avec le temps et ne nécessitent pas de traitement particulier.

Si vos symptômes urinaires s’aggravent ou ne s’améliorent pas :

SAIGNEMENT URINAIRE

Il est courant d’avoir du sang dans les urines, surtout au début de la miction. La présence de sang peut persister ou réapparaître jusqu’à 4 semaines après l’intervention. Il s’agit d’un processus courant pendant la guérison. Boire beaucoup et régulièrement pour que l'urine soit claire, puis suffisamment pour conserver une couleur jaune pâle à l'urine.

Si vous avez des saignements importants ou si vous ne parvenez plus à uriner en raison d'une coagulation (caillot de sang dans les urines), contactez votre médecin ou votre urologue. En cas de rétention urinaire (impossibilité d'uriner), rendez-vous aux urgences les plus proches.

ANALYSE D'URINE

Une analyse d'urine (ECBU) est parfois demandée en fonction de vos symptômes postopératoires. Après résection endoscopique de la prostate, on observe le plus souvent une leucocyturie (présence de très nombreux leucocytes) et une hématurie (globules rouges dans les urines). Ces deux anomalies sont habituelles et indiquent une guérison en cours. Aucun antibiotique n’est nécessaire s’il n’y a pas suffisamment de germes.

SUIVI POST-OPÉRATOIRE

La consultation postopératoire a lieu dans les semaines qui suivent l'opération. Le suivi consiste à évaluer l’amélioration de vos symptômes urinaires et la bonne qualité de votre vidange vésicale. Une analyse d'urine pour rechercher une infection et une échographie avec mesure des résidus post-mictionnels peuvent être prescrites.
Une surveillance de la prostate est alors généralement réalisée une fois par an par l’urologue ou le médecin traitant du patient. Plusieurs années après l’opération, il peut y avoir une repousse du tissu prostatique pouvant entraîner une réapparition des symptômes. Le cancer de la prostate peut survenir à distance dans la prostate restante, sans que cela soit lié à l'intervention.

RISQUES ET COMPLICATIONS

Dans la majorité des cas, l’intervention qui vous est proposée se déroule sans complications. Cependant, toute intervention chirurgicale comporte un certain nombre de risques et de complications décrits ci-dessous.
Certaines complications sont liées à votre état général.

Toute intervention chirurgicale nécessite une anesthésie, qu'elle soit loco-régionale ou générale, qui comporte des risques. Ils vous seront expliqués lors de la consultation préopératoire avec l'anesthésiste.

D'autres complications directement liées à l'intervention sont rares, mais possibles.

LES COMPLICATIONS COMMUNES À TOUTES LES CHIRURGIE SONT :